Bilan des restrictions d’eau à Bogota

J’avais tenté de t’expliquer le plus clairement possible dans cet article pourquoi et dans quel but était rationnée la distribution d’eau dans la capitale colombienne.

Nous avons terminé ce lundi le sixième cycle de restriction (un cycle dure 9 jours, quand les 9 zones découpées dans la ville ont chacune connu un jour de coupure)…

…. et il est donc temps de faire un bilan (avec des données collectées depuis la clôture du Turno 5).

Mais d’abord un rappel des objectifs: ramener le niveau du réservoir de Chingaza, qui fournit 70% de l’eau potable de Bogota à 75% de sa capacité maximale à 75% en fin d’année 2024 (et 70% en octobre).

Avec un premier palier qui était d’atteindre…. 20% à la fin du mois d’avril soit après 2 cycles totaux. Pour ce faire, au niveau de la consommation, il fallait descendre sous une consommation de 15m3/s pour toute la cité.

Tu constates donc que l’objectif intermédiaire ne fut atteint que le 9 mai, soit avec 10 jours de retard! Et que celui de la consommation ne l’a jamais été.

Malgré des efforts de toute la population (enfin des efforts minimes et basiques) et l’effet des coupures d’eau, on estime que la consommation a baissé globalement de 10%. Bon début mais insuffisant.

Je te glisse ici un bilan par cycle (en vert la conso, en bleu l’objectif d’économie): visiblement le meilleur fut le 2e, globalement durant les 4 premiers tout le monde y a mis du sien, mais il semblerait que la méthode marque le pas. Le turno 5 a vu s’inverser la tendance….

Cependant, avec plus de pluies ces dernières semaines, les nouvelles s’améliorent: Chingaza est aujourd’hui quasiment à 28% de sa capacité (au 27 mai)! Alors que la conso a repassé les 16m3/s!

Et les autres « embalses » se portent un peu mieux qu’avant aussi.

En tout cas, tous les spécialistes semblent à peu près d’accord que ces mesures étaient obligatoires! Confirmé par le diagramme suivant, qui montre (ligne rouge) où nous en serions si rien n’avait été fait, (ligne bleue) la situation actuelle, et la situation « normale » (ligne blanche).

Pour finir, cela peut paraître une bonne nouvelle, mais ce n’en est pas une vu les catastrophes naturelles qu’elle amène généralement, il semblerait que l’on passe directement d‘El Niño à la Niña. Refroidissement des eaux de surface du Pacifique, et donc de fortes précipitations pour le 2e semestre 2024.

Alors de l’eau oui, mais à quel prix (inondations, glissements de terrain,….)!