Colombie, une paix fragile

Colombie, une paix fragile

Oui, aujourd’hui un article sérieux! Mais peu fouillé en fait!

Pour les journaux occidentaux, et donc leurs auditoires, c’est souvent binaire: où la situation est catastrophique et le pays affublé de nombreux adjectifs, tous synonymes de danger. Soit les prémices d’une paix tant attendue se présente et alors là, revirement des témoignages et le pays devient un paradis!

Évidemment tu devines derrière ce préambule, que la situation n’est malheureusement (ou heureusement) ni aussi noire, ni aussi blanche!

Si les années très sombres de la Colombie semble belle et bien derrière nous (t’as vu je dis nous maintenant, tout en précisant que ces années-là je ne les ai pas connues), avec la signature tant attendue par tout un peuple (ou presque), entre le gouvernement et les FARC en 2016 (et ce malgré un référendum populaire aboutissant à un « non à la paix » de ce même peuple) de la Paix. La situation n’est pas totalement apaisée et la paix reste fragile.

La preuve avec mardi passé, de la mort de 9 militaires après une attaque de la guérilla ELN, dans le Catatumbo, au Nortesantander, là …. où vit Lina.

Car il faut préciser, que malgré des tentatives fluctuantes de rapprochements ces dernières années, la Paix semble impossible entre le gouvernement colombien, même sous l’égide du Président Petro, lui-même (et cela lui a été assez reproché durant la campagne) ex-membre du M19, un mouvement guérilléro colombien, actif jusqu’en 1990 et notamment responsable de la fameuse prise du palais de justice de Bogota.

La situation est, comme toujours dans ce pays complexe. Et ce n’est pas moi, petit expatrié depuis seulement 8 ans dans ce pays, qui peut réellement te l’expliquer. En tout cas, jamais je n’en aurais la prétention, même si je lis, je visite, j’écoute, j’ai toujours l’impression, en découvrant de nouvelles problématiques, de moins en moins comprendre.

Déjà l’application de l’accord de Paix avec les FARC est délicate: entre promesse de réforme agraire non tenue, désarmement et réintégration à la vie civile de ses ex-guérilleros compliqués (pour de multiples raisons, comme la difficultés pour les combattants ayant passé des années dans la jungle à se construire un avenir et l’accueil des population civiles violent, voir mortel) et la création de fronts dissidents, soit par désaccord politique, soit pour conserver le contrôle du narco-trafic dans lequel certains groupes étaient tombés pour se financer. Enfin, surprenant mais non anecdotique, la déforestation a augmenté de 44% depuis 2016, dans les zones contrôlées par les FARC où elle la régulait.

Il y a donc ensuite l’ELN (Ejercito de Liberacion Nacional) qui elle refuse de rendre les armes et poursuit la lutte, surtout aux abords de la frontière vénézuélienne, où ils peuvent facilement se réfugier et dont le gouvernement de Maduro joue un jeu assez trouble. Et fait régulièrement la Une des journaux locaux.

Ces dernières années (celles de ma présences ici) et depuis l’accord de Paix, on peut noter les attentats: aux arènes lors de la dernière corrida de la saison, à la bombe à l’école militaire de Bogota, ou encore l’attentat contre la Brigade 30 à Cucuta.

Puis il faut ajouter à cela les groupes criminels armés, souvent issus des groupes paramilitaires qui se formèrent pour combattre la Guérilla, et qui ont bien souvent tourné mafieux, et donc qualifiés narco-trafiquants. Le plus célèbre et étendu reste le fameux Clan Del Golfo. Que l’on soupçonne par exemple d’être derrière les révoltes, grèves et blocages des mineurs illégaux dans le Bajo Cauca ces dernières semaines, laissant cette partie du pays quasiment inaccessible.

Même les camions apportant l’aide alimentaire ont été brûlés:

Le tout en représailles d’une tentative de reprise en main par l’armée pour fermer ces mines illégales. Or on constate la collusion (mais bon partout dans le monde) entre organisations criminelles et exploitation illégale des sous-sols. Ici, par exemple, en comparant les zones des mines et l’implantation du cartel Clan Del Golfo….

Enfin voilà, tout cela pour simplement te dire qu’il faut savoir mesure garder: non la Colombie n’est plus le « coupe-gorge » qu’elle a pu être, mais non, ce n’est pas non plus devenu d’un coup de baguette magique (ou plutôt de stylo) un pays paradisiaque.

La preuve avec par exemple, la liste des massacres recensés (toutes catégories confondues, dont les assassinats de leaders sociaux ou encore les luttes des indigènes, que je n’ai pas évoqués ici) et le nombre de victimes, rien que pour 2023:

Je te laisse d’ailleurs le lien vers ce site de l’INDEPAZ, si tu veux consulter les chiffres effarants pour 2020, 2021, et 2022.

Cependant je tiens à conclure, que la Colombie reste un magnifique pays, et que pour la plupart, il y fait bon vivre, ne te méprends pas!

3 commentaires sur “Colombie, une paix fragile

  1. Trop compliqué…
    Entre trafics, politique et revendications sociales, pas facile à régler même avec un président qui connaît la situation !
    Espérons quand même !

Alors qu'en penses-tu?