Muzo les Mines

Ah humour quand tu nous tiens!!

Car tu as découvert hier dans la présentation de la ville, que Muzo porte le titre, officieux, de capitale mondiale de l’émeraude. En effet la Colombie assure 60% de la production mondiale, en quantité, et ses pierres sont de haute qualité et très recherchées. Les pays producteurs ne sont qu’au nombre de 19, car les conditions pour que se forment les émeraudes sont complexes.

Donc à Muzo notre objectif, avec l’aide d’Andres (que tu as déjà vu, il a aussi l’emploi de guide au petit musée de la ville) et de son agence de tourisme familiale, Hernan le père, ex-prof et négociant en émeraudes, faisant office de guide et Erlidnda, la maman nous assure le repas!

Pour les renseignements, voici un florilège de leurs cartes de visites!

le matin (7h) au départ de l’agence!

Pour un package de 225.000 pesos (55€), nous avions droit à une nuit d’hébergement, le tour guidé (mais nous nous déplacions avec nos propres motos) et le déjeuner.

En tout, nous allons accomplir 16 km de moto sur une piste (très) vallonnée et donc un peu technique, pour visiter 2 lieux!

On y croise même la maison du seul le type qui a réellement profiter de l’exploitation, Victor Carranza, le Tsar de las esmeraldas, comme on le surnomme ici. Une sorte de chef mafieux à la réputation sulfureuse, qui a organisé l’exploitation, la production et le commerce des émeraudes, le tout à la force de son poignet.

Alors la région a longtemps eu une réputation de violence, comme beaucoup de ces coins reculés présentant une richesse minérale, mais depuis l’arrivée des entreprises occidentales, la région s’est pacifiée, le pouvoir des mafias a reculé… mais rassure-toi, sans que la population s’enrichisse! Donc même si toujours quand tu as la chance de découvrir une pierre de valeur, tu ne le cries pas sur tous les toits, la violence, les meurtres et autres rackets semblent avoir quasiment disparus, et on peut donc même venir en observation comme touriste!

Le 1er lieu, le plus distant, est assez impressionnant: après le boom des années 1980, des concessions ont été accordées à des privés, mais surtout à une multinationale, la MTC (Mineria Texas Colombia). Celle-ci ne souhaite absolument aucune visite et aucune photo: je ne t’en montrerais donc que cela! Un portail, un tas de gravat et le lieu proche où se faisaient les négociations (maintenant cela se passe visiblement plus en ville…).

Non ce qui est impressionnant, c’est que sur une partie de la rivière, n’importe qui peut venir tenter sa chance: une pelle, une pioche, un sac grillagé faisant office de tamis, et te voilà guaquero!

Certains le font dans la montagne….. les premiers que nous verront…

Mais le plus étourdissant sont les milliers (presque 2 quotidiennement) de personnes réunis sur une portion de rivière…. qui retournent le sol partout où ils peuvent, chacun à sa manière…. Et qui pour la moitié, vivent et logent autour du site!

Et de ce pont, on aperçoit déjà la foule….

De laquelle on va s’approcher pour observer leur dur labeur en plein soleil….. retourner des centaines de kilos de terre pour espérer trouver une émeraude de qualité!

Comme je le disais, chacun son lieu (premier arrivé, premier servi, mais le lendemain tout recommence à 0)…. certains travaillent sur les flancs de l’affluent….. ou dans celui-ci même!

Tandis que les autres s’attaque à la colline formant une des berges de la rivière principale (avec des habitations construites à l’aplomb!!):

La technique est basique (au moins, pas d’utilisation de produits chimiques): tu creuses, tu remplis ton sac de terre, tu laves dans la rivière, et tu tries en observant bien et en espérant ne pas passer à côté de l’éclat lumineux vert du reflet du soleil dans une émeraude! Tu peux également, si tu y tiens casser quelques cailloux!

Impressionnant donc, tant de sueur, tant d’énergie pour parfois des semaines de travail sans résultat! Mais il semblerait (voir dernière image; le gars en polo rose et chapeau) que cela puisse être un passe-temps pour certains, qui viennent tenter leur chance un samedi (jour de notre visite) comme d’autres iraient aux champignons!

Maintenant, nous avec nos têtes de gringos, et par le fait que peu de visiteurs s’aventurent pour voir cela, on nous a pris pour des négociants étrangers, donc nous avons passé aussi une partie de notre temps à observer des émeraudes, en faisant les connaisseurs!

Et la fière de l’or vert a même gagné certains membres du groupe!

Après ces émotions, place à la petite bière de 10h à la tienda locale (tu imagines bien que toute une vie s’est créée autour de ce lieu)… avant de visiter un 2e lieu, un peu différent!

En enfourchant de nouveau nos motos, nous retournons en direction de Muzo et nous nous arrêtons pour visiter une galerie de mine, construite et exploité par un gars sympa et un peu loufoque (car il creuse depuis 7 ans « sans rien trouver » selon lui, mais il nous demandera ensuite de ne pas dévoiler l’implantation de sa mine….).

Petite arrêt en bord de route, 15 minutes de marche pour une descente abrupte, retour aux bords de la rivière, et nous voici à l’entrée d’un tunnel de mine peu engageant: petit compresseur pour l’air, lumière chiche, et madriers de soutènement un peu vieux….

Enfile ton casque, prends ta lampe de poche… une grande respiration et c’est parti!

Nous aurons le privilège de creuser un peu, enfin de piquer les flancs de la nouvelle galerie qu’il vient d’attaquer, de sortir un peu de terre, et de jouer aux prospecteurs!

Sauf que….. nos 4 pauvres kilos de terre nous réserverons des surprises!!! La première est une vraie photo, la seconde un montage du filou Alex!

Bon le propriétaire nous laissera ces pierres, elles n’ont aucune valeur sur le marché, sauf celle de nous avoir fait rêver un peu, nous aussi, au mythe de la ruée vers l’or! Enfin on a tous bien repérés que sur toutes les petits cristaux apparus après notre tri, le gars nous les a remises, sauf 2 qu’il s’est empressé de mettre à gauche! Puis il a bien insisté pour que nous divulguions pas nos exploits au village….. Je pense le lendemain, il a du pelleter le coin comme un malade!

Une petite limonade avec lui et sa femme plus tard, puis un café avec les parents d’Andres….

Et cette visite splendide et peu habituelle mais très enrichissante se termine!

Je ne serais complet qu’en t’indiquant que la « spécialité » de Muzo, c’est une pierre possédant des formes seulement visible en pleine lumière, appelée trapiche. Ci dessous, celle que nous avons pu observer et un modèle!

Voilà tu en sais maintenant autant que moi sur les émeraudes colombiennes, mais je t’avoue que ce fut une des expériences les plus étranges et décalées qu’il m’a été donné de vivre, ici en Colombie et même ailleurs (juste comparable ave une visite de mines d’or illégales en plein désert nigérien….)!

6 commentaires sur “Muzo les Mines

  1. J’en suis toute émerveillée ou « émeraudée » . Quel boulot !
    Visite bien originale , ça valait vraiment le détour !!!

  2. Tu as enrichi tes connaissances…et nous aussi !
    Tu vad revenir avec une belle chevalière ?

  3. Ah bah je me réjouis de ton prochain cadeau à ton retour en France ! Ça va changer des gadgets en boite de conserve !.mdr ! 😁😉
    Cela me rappelle une ville à Madagascar, spécialisée, elle, dans le saphir, où les gens se baladaient avec des flingues (la ville était surnommée ok corral et il était presque dangereux de s’y balader!)

Alors qu'en penses-tu?