La Colombie pas sereine

Je ne peux pas, comme la dernière fois, entré dans le sujet avec la fameuse chanson de Tiken Jah Fakoly. Ce sera donc l’article sérieux et un peu inquiétant de cette fin d’année scolaire à Bogota! Car en ce moment, tu l’as peut-être suiv, la Colombie n’est pas sereine.
Et ce pour 3 raisons. Car la Colombie a été confrontée à une période de défis sécuritaires et politiques intenses au cours des dernières semaines. Deux événements majeurs ont marqué cette période. Une tentative d’assassinat visant une figure politique de premier plan et une recrudescence des attentats dans diverses régions du pays.
Tentative d’assassinat du Sénateur Miguel Uribe Turbay
Le sénateur Miguel Uribe Turbay a été la cible d’une tentative d’assassinat. Cet événement a provoqué une onde de choc à travers le pays. Il a ravivé les inquiétudes concernant la sécurité des personnalités publiques et la persistance des tensions politiques. Une enquête est en cours pour identifier les responsables et leurs motivations, avec des implications potentielles pour le climat politique national.
Quelques détails pour que tu y vois plus clair.
Les Faits
- L’attaque : alors qu’il prononçait un discours lors d’un meeting politique dans un parc du quartier de Modelia, à l’ouest de Bogotá, le sénateur a été approché par un individu par derrière. Il a reçu six balles, dont deux l’ont touché à la tête.
- L’agresseur : le tireur présumé est un mineur de 15 ans, qui a été rapidement arrêté après les faits. Il aurait déclaré avoir agi « pour de l’argent, pour sa famille ».
- Contexte : le sénateur Uribe Turbay, membre du parti conservateur Centre Démocratique et détracteur du président Petro, avait annoncé en octobre 2024 son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2026. Son avocat a indiqué que 23 demandes de protection renforcée pour le candidat avaient été refusées avant l’attentat.
Situation Médicale du Sénateur
- Immédiatement après l’attaque, Miguel Uribe a été transporté inconscient à l’hôpital Fundación Santa Fe de Bogotá.
- Il a subi une intervention « neurochirurgicale et vasculaire » d’urgence.
- Son état de santé a été qualifié d’ « extrêmement critique » après une nouvelle intervention chirurgicale le 16 juin 2025. Les médecins ont signalé un « œdème cérébral persistant et des saignements inter-cérébraux difficiles à contrôler ». Indiquant une « condition clinique de maximale gravité » avec un pronostic réservé.
- Des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour lui apporter leur soutien. Dont beaucoup le dimanche 15 juin lors de cette fameuse marche silencieuse que j’ai croisée devant le Parque Nacional.
Avancées de l’Enquête
- Le mineur suspect a été inculpé de « tentative de meurtre » et de « port et fabrication d’arme à feu ». Il a été placé en détention préventive. Il clame son innocence.
- L’enquête progresse au-delà de l’exécutant. Des complicités présumées ont été identifiées et des arrestations ont eu lieu.
- Le 18 juin 2025, deux personnes, Carlos Mora et Katerine Martínez, ont été arrêtées et placées en détention préventive. Accusées d’avoir fourni l’arme au tireur adolescent et d’avoir été des complices. Les autorités craignent qu’elles ne soient assassinées si elles sont transférées dans un centre carcéral. Ce qui suggère la participation de commanditaires.
- Les enquêteurs tentent de déterminer l’origine de l’arme (une pistolet semi-automatique Glock initialement achetée en Arizona). Et dans ce cas, comment elle est arrivée entre les mains du mineur?
- Le président Gustavo Petro a affirmé que l’attentat pourrait être une « vengeance du narcotrafic ». Soulignant que le schéma de protection d’Uribe avait été « diminué étrangement » le jour des faits, passant de sept à trois personnes. Il a demandé une enquête approfondie.
Cette attaque a ravivé les craintes d’un retour à des niveaux de violence politique plus élevés. Rappelant alors des périodes sombres de l’histoire colombienne, et mettant en lumière l’utilisation préoccupante de mineurs dans des activités criminelles.
Vague d’attentats et de violences : un panorama douloureux
Au-delà de l’attaque contre le sénateur Uribe Turbay, la Colombie a été le théâtre d’une série alarmante d’attentats et d’actes de violence. Qui ont causé de nombreuses victimes et ravivé les craintes d’une dégradation de la sécurité. Ces incidents se sont manifestés sous diverses formes et dans différentes régions, ciblant à la fois les forces de sécurité et la population civile.
Nature et Localisation des Attentats
Les attaques récentes incluent principalement :
- Explosions et Engins Explosifs Improvisés (EEI) : plusieurs attentats à la bombe ont été signalés, notamment dans des zones urbaines et semi-urbaines, ainsi que sur des routes stratégiques. Ces explosions visent souvent des postes de police, des infrastructures publiques ou des véhicules militaires/policiers.
- Attaques Armées : des embuscades et des affrontements armés ont eu lieu, particulièrement dans les départements où la présence de groupes armés illégaux est forte. Comme le Cauca, Nariño, Putumayo, Norte de Santander et Arauca. Ces attaques ciblent fréquemment des patrouilles militaires ou des commissariats de police.
- Ciblages de Leaders Sociaux et Communautaires : bien que non toujours classés comme des « attentats » à grande échelle, les assassinats persistants de leaders sociaux et de défenseurs des droits humains contribuent à un climat de terreur et de violence.
Les Victimes
- Membres des Forces de Sécurité : de nombreux policiers et militaires ont été tués ou blessés lors d’attaques directes. Notamment par des tirs de snipers, des explosions d’EEI ou des embuscades. Leurs décès soulignent le danger constant auquel ils sont confrontés dans leur mission de protection de l’État et de la population.
- Civils : des civils ont également été touchés par ces attentats, parfois involontairement pris au piège d’explosions, ou directement ciblés pour des raisons liées à leur opposition aux groupes armés ou à leur non-coopération. Le déplacement forcé de populations est aussi une conséquence directe de ces violences, laissant des milliers de personnes sans abri et dans la précarité.
- Minorités et Communautés Vulnérables : les communautés indigènes et afro-colombiennes, souvent situées dans des zones de conflit pour le contrôle des cultures illicites et des routes du narcotrafic, sont disproportionnellement affectées.
Éléments d’Enquête et Attributions
Les enquêtes sur ces attentats sont complexes en raison de la nature asymétrique et clandestine des groupes responsables. Cependant, les autorités colombiennes attribuent la majorité de ces actions à :
- Les Dissidences des FARC-EP (GAO-r) : notamment le « Estado Mayor Central » (EMC) dirigé par « Iván Mordisco » et la « Segunda Marquetalia » de « Iván Márquez ». Ces groupes cherchent à reconstituer leurs structures et à reprendre le contrôle de territoires stratégiques pour le trafic de drogue et l’exploitation minière illégale. Ils sont souvent en opposition directe avec les politiques de paix du gouvernement.
- L’Armée de Libération Nationale (ELN) : bien que des négociations de paix soient en cours avec l’ELN, des factions de ce groupe continuent de mener des actions armées. En particulier dans les départements où ils maintiennent une forte présence et où le cessez-le-feu n’est pas pleinement respecté ou a été rompu.
- Groupes Armés Organisés (GAO) : des structures criminelles dédiées au narcotrafic, comme le « Clan del Golfo », utilisent également la violence et les attentats. Ce pour défendre leurs intérêts et leurs routes du trafic.
Des enquêtes visent à démanteler les réseaux logistiques et financiers de ces groupes. Afin d’identifier les commanditaires et les exécutants, et prévenir de futures attaques. La situation met en évidence la difficulté pour le gouvernement de la « Paix Totale » de contrôler la violence résiduelle. Mais aussi la nécessité d’une approche multidimensionnelle combinant efforts militaires, sociaux et de négociation.
La situation actuelle souligne la fragilité de la sécurité dans certaines parties du territoire colombien et l’importance de maintenir la vigilance face aux menaces à la stabilité.
Enfin je ne peux pas terminer ce long article sans évoqué la crise politique. Qui se cristallise autour de la fameuse Consulta Popular voulue par le Président Petro!
La situation politique : une confrontation Exécutive-Législatif et la stratégie de la « Consulta Popular »
La présidence de Gustavo Petro est marquée par une tension constante entre l’exécutif et le pouvoir législatif. Arrivé au pouvoir avec une promesse de « changement » et de réformes sociales profondes (santé, retraites, travail, agriculture), Petro a rencontré une forte résistance au Congrès. Où son gouvernement ne dispose pas d’une majorité stable. Face aux blocages parlementaires de ses réformes clés, le président Petro a cherché à contourner cette opposition. En tentant de faire appel directement au peuple via une « Consulta Popular » (Consultation Populaire).
La « Consulta Popular » du Président Petro
Origine et But
La « Consulta Popular » est un mécanisme de participation citoyenne prévu par la Constitution colombienne, permettant au peuple de se prononcer sur une question d’intérêt national. Le président Petro a eu recours à cet instrument comme un moyen de pression sur le Congrès. Et pour légitimer ses réformes directement auprès de la population. L’idée était de démontrer que la volonté populaire soutenait ses propositions. Pour forcer le Parlement à les adopter ou, du moins, à les reconsidérer sérieusement.
Questions Proposées
Les questions de cette consultation populaire se sont principalement concentrées sur la réforme du travail. Elles portaient sur des aspects comme la durée maximale de la journée de travail (8 heures). Le paiement majoré des heures supplémentaires (100% pour les dimanches et jours fériés, contre 75% auparavant). La promotion des contrats à durée indéterminée, des droits pour les travailleurs des plateformes de livraison, des régimes spéciaux pour les travailleurs agricoles. Et l’élimination de certaines formes de sous-traitance et d’intermédiation qui sont considérées comme précaires. Le président a même mentionné la possibilité de recourir à une Assemblée Nationale Constituante si le Congrès continuait de « se moquer » de la consultation.
Organisation et Déroulement (tentatives et échec)
Initialement, le président Petro a annoncé son intention de convoquer cette consultation. La Constitution prévoit que pour qu’une « Consulta Popular » nationale ait lieu, elle doit être approuvée par le Congrès. C’est à ce stade que le processus a rencontré des obstacles majeurs.
La Lutte de l’Opposition
L’opposition colombienne, composée principalement de partis de droite et du centre, mène une bataille acharnée contre les réformes de Petro et sa gouvernance.
Blocage Législatif
Au Congrès, l’opposition a réussi à freiner, voire à faire échouer, plusieurs des réformes emblématiques du gouvernement. Le cas de la « Consulta Popular » est un exemple flagrant de cette résistance parlementaire. Ils argumentent que ces réformes sont coûteuses, inapplicables, ou qu’elles menacent la stabilité économique et institutionnelle du pays.
Manifestations et Mobilisation Sociale
L’opposition a également mobilisé ses partisans dans la rue à diverses reprises pour protester contre le gouvernement et ses politiques. Ces manifestations cherchent à montrer que le soutien populaire à Petro est en déclin. Et que le pays est divisé face à ses propositions.
Critiques de la « Consulta Popular »
L’opposition dénonce la tentative de Petro de contourner le Congrès par la « Consulta Popular » comme une manœuvre populiste et une atteinte aux institutions démocratiques. Ils soutiennent que le président cherche à renforcer son pouvoir et à affaiblir les contre-pouvoirs.
Préparation pour 2026
La période actuelle est également une pré-campagne pour les élections présidentielles de 2026. L’opposition cherche à se consolider et à présenter un front uni pour empêcher un second mandat de la gauche. L’attaque contre le sénateur Miguel Uribe Turbay, un potentiel candidat d’opposition, accentue encore les tensions et les enjeux politiques.
En somme, la Colombie vit une période de forte polarisation politique. Où les débats institutionnels sont compliqués par des tentatives de contournement des voies législatives et une opposition déterminée à freiner l’agenda de réformes du gouvernement. Le résultat de la décision de la Cour Constitutionnelle concernant la « Consulta Popular » sera déterminant pour les mois à venir.
Voilà une vision exhaustive du panorama actuel du pays! Alors le touriste y est toujours bienvenu, et en sécurité, dans la mesure où il écoute les conseils des locaux. Ou des expatriés vivants ici de longue date. Mais c’est aussi pour contrebalancer certains témoignages indiquant que tout est sous contrôle. Que les années noires sont totalement derrière nous (eux, les colombiens surtout). Et que ce pays est un paradis.
Non, ce pays que j’adore, traverse une période compliquée, qui rappelle justement à certains les pires années de son histoire récente.
J’espère donc que nous nous en sortirons sans sombrer dans le chaos.
PS: tu auras bien évidemment repéré l’aide à la rédaction de cet article par l’IA (Gemini en l’occurence).
Et bien comme il est compliqué de réformer…
Et comme les privilégiés sont forts pour dire qu’on touche à la liberté !
Liberté signifiant leurs privilèges !
La Démocratie est difficile à maintenir . Tout est très complexe , on ne comprend pas tout ! Inquiétant…