La Fin de l’AEFE

En ce jour un peu spécial pour moi (oui, c’est mon anniversaire, boulet!), un article pas spécialement réjouissant, au moins professionnellement parlant!
En tout cas, une nouvelle qui pourrait personnellement, alors que je fête mes 41 ans, marqué un virage dans la vie que j’ai menée jusqu’ici!
Tu le sais sûrement, je suis enseignant (avec le concours, le statut de fonctionnaire et tout, et tout) mais j’ai la chance de pouvoir, grâce à ce métier, enseigner dans différents pays, sur presque tous les continents.
Et cette chance, je la dois à une spécificité très française, qui a vu petit à petit, des initiatives très locales de parents expatriés, créer et pérenniser des écoles françaises dans leur pays d’accueil, écoles qui se sont, sous l’impulsion de l’État français, regroupées dans un réseau, l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger), qui coordonne l’enseignement et homologue les établissements désirant s’y joindre.
Et sur ce site tu pourras trouver l’info suivante: Le réseau d’enseignement français à l’étranger rassemble, en 2017-2018, 492 établissements scolaires, implantés dans 137 pays, qui scolarisent 350 000 élèves dont 60 % sont étrangers et 40 % sont français. Tous sont homologués par le ministère de l’Éducation nationale. 74 de ces établissements sont gérés directement par l’Agence (établissements EGD), 153 ont passé une convention avec elle (établissements conventionnés) et 265 autres sont des établissements partenaires.
A laquelle j’ajoute que nous sommes environs 5300 professeurs français détachés de l’Éducation Nationale au Ministère des affaires étrangères, sous 2 statuts, celui d’expatriés, très bien rémunérés pour un contrat de 5 ans, mais à qui l’on demande d’être en plus de prof, formateurs, et celui de résident, avec un contrat de 3 ans renouvelable (jusqu’ici advitam eternam, si l’établissement et l’enseignant le souhaitent) avec globalement notre salaire français, versé par la France et servant à maintenir un niveau d’enseignement proche des textes officiels français.

Sauf qu’on le sait tous, l’heure est à la réduction drastique des dépenses de l’état, et cet organisme (l’AEFE) n’y échappe pas! On vient d’apprendre qu’une décision prise courant juillet (la fameuse technique « pendant les vacances »), que son budget allait être amputé de 33 millions d’euros!

Ajoutons à cela quelques subtilités (la France fait payer une partie des services centraux situés à Paris et Nantes, par les établissements en imposant le reversement de 6% de la masse salariale et qui va passer à 9%) et changement de loi (une histoire de pensions civiles à payer par l’AEFE), c’est globalement 54 millions d’euros en moins pour le réseau!
Donc un plan drastique, jamais vu, au moins depuis 17 ans que j’appartiens à l’AEFE, de réduction des postes. 80 postes d’expats et 100 de résidents en moins la rentrée prochaine, et respectivement 66 et 100 en moins les 2 rentrés suivantes)!

Cela paraît assez abstrait, mais je vais tenté de t’expliquer les conséquences:
- pour les établissements: qui font face à des charges de plus en plus lourdes (tu crois que mon salaire est payé par la France, ce qui est techniquement vrai, ma feuille de paye ressemble à celle de mes collègues en poste en France, mais il est en fait en grande partie facturé aux lycées à la fin) et donc cette augmentation, non prévue, donc non budgétée à la rentrée, va grever des finances déjà pas toujours au top! Donc nous allons voir refleurir les projets de déconventionnement, dont le plus « bel » exemple est le Lycée de Mexico, déconventionné il y a 3-4 ans, devenu donc totalement privé, avec quelques expatriés-formateurs payés par la France, mais plus aucun résident (mon contrat). Les établissements (et surtout leur directoire, composés de parents), deviendraient alors totalement privé, gérant selon leur choix et politique, en essayant simplement de conserver l’appartenance au système scolaire français, et le droit de passer les examens, brevet et bac. Avec le risque accru de népotisme, de clientélisme et de pression sur les employés!
- pour les parents: sans doute aucun, une forte augmentation des frais d’écolage! Car je travaille finalement dans un lycée semi-privé, qui doit s’autofinancer au maximum, et où la scolarité est donc payante!

Bien sûr, un système de bourses est prévu pour les français, puisque nous avons obligation de scolariser tout français dans le pays…. Mais évidemment l’enveloppe allouée aux bourses restera stable, et ne permettra donc pas de faire face aux énormes augmentations attendues!

- pour les enseignants: ici nous ne pouvons parler d’un tout, les situations étant très différentes. Les collègues dans un pays depuis très longtemps, y ayant fondé des familles, vont se trouver très embêter si leur poste disparaît. Ils vont devoir prendre un contrat local, c’est à dire faire le même boulot dans des conditions salariales et de statut bien moindres. Pour les collègues en France, souhaitant vivre une aventure de l’expatriation, les possibilités vont se réduire à peau de chagrin, tout au moins pour s’expatrier dans des conditions contractuelles solides. Beaucoup seront amenés à accepter des contrats locaux, dépendant là du droit du travail du pays, payés en monnaie locale, avec suspension de la carrière, des droits à la retraite et à la sécu française….
- pour moi enfin: je suis en fin de contrat (c’est à dire que j’ai terminé mon premier contrat de 3 ans) et j’attends un renouvellement de détachement, pour signer un nouveau bail de 3 ans. Mais à mon avis, ce sont ces postes là qui ont le plus de chance de sauter pour la rentrée prochaine. Légalement, on peut me dire que mon contrat est terminé et qu’il ne sera pas renouvelé! Plus légitimement qu’à un résident dans sa première année de contrat et qui vient de s’installer sur place! De plus, fermer 80 postes d’expatrié va commencer par annuler les ouvertures envisagées à la rentrée 2018, dont les 7 postes prévus en technologie, pour lesquels j’ai postulé en envoyant un dossier début septembre.

Voilà: si tu as lu jusqu’au bout, tu auras donc compris, pourquoi ce jour de fête marque peut-être un changement de vie! Il se peut que mon poste à Bogota n’existe plus à la rentrée prochaine et que cette partie de ma vie, découvrir des pays totalement différents sous un statut solide et une paye française se termine! Car trouver un poste ailleurs, à un âge où mon expérience me fait coûter plus cher et où les postes disparaissent, semble utopique.
Alors même si au final, c’est peut-être le coup de pied au cul dont j’avais besoin pour envisager un retour définitif sur les terres de France, avoir l’impression de ne pas être maître de son destin est une sensation fort désagréable!
En tout cas, je te tiens au courant!
Je ne savais pas tout ça.
Quelle idée de faire publier des postes en Septembre quand il a été décrété en Juillet une baisse de budget?!!! Tu es peut être trop pessimiste? En tout cas, ça sent quand même le roussi, en effet. On attend des news.
Bon anniversaire quand même….
Ce changement marquera peut être aussi la fin de nos grands et beaux voyages 😏
Oui…
Sévère… mais on ne sait jamais !
Alors bonne chance et bon anniversaire !
Bises bretonnes !
J’ai tout lu, j’ai pas tout compris mais je pense avoir compris l’essentiel !!!
L’incertitude pour l’année prochaine !
Allez sois confiant, à chaque jour suffit sa peine et aujourd’hui profites de ton anniversaire 🎂🎂🎂🍿🍿☕️
Reste positif Manu. Profite pleinement sans penser à demain !!!!
Bises
Pat
Nan t’inquiètes, je reste positif, ce qui est pris est pris et pour l’avenir, je verrais bien et rebondirais! 😉
Bonjour,
La question que je me pose, c’est comment l’aefe va s’y prendre pour la suppression des 100 résidents sur l’ensemble des établissements français dans le monde ? Comment la suppression va-elle etre répartie ?
Est ce que mon établissement sera touché par-exemple ? Donc, Manu, espérons passer au travers et positions !
Salut, il y a un dernier CT le 6 février, mais à ce que j’ai compris, cette année ce sont les postes vacants (retraite et retour en France) qui devraient finir de faire le compte !
Bonjour,
Merci pour cet article si intéressant. J’ai une question concernant le salaire. Il est vrai que le salaire est vraiment faible lorsqu’on a un poste à l’étranger ? J’aimerais partir à l’étranger mais j’ai peur de ne pas pouvoir m’en sortir.
Merci.
Marie
Salut,
Ca dépend, il y a 3 types de contrats dans les lycées à l’étranger, expatrié, très bien payé, résident comme moi, correctement payé (salaire France) et les contrats locaux, plus ou moins bien payés, là cela dépend du droit du travail local!
Salut,
es-tu sous statut EEMCP2 au lycée Pasteur dans la discipline Technologie, celui qui se libère justement. Le hasard me fait tomber sur ton blog. J’y postule justement..
Salut je suis en poste…. de résident… c ‘est une création… Bogota et Mexico vont devenir centres régionaux de formation. Actuellement l’EEMCP2 est en poste en Haïti.