El Expresso del Hielo

El Expresso del Hielo, le train de la glace en version française. Drôle de titre pour un article de blog d’expatrié. Mais tu commences à être habitué!

Sauf que quand je vais te dire que l’on va parler d’un livre, de la Colombie, d’un train et de la Mano Negra tu vas peut-être être un poil confus.

Les pré-requis

La Mano Negra

Là je ne devrais pas trop m »tendre, tout le monde connait. Où au moins tout le monde a entendu parler de Manu Chao.

Mano Negra est un groupe de rock alternatif français, originaire de Sèvres. Actif entre 1987 et 1994, il est formé autour de son meneur Manu Chao. Le nom du groupe s’inspire du terme La Mano Negra, qui signifie « La Main noire » en français, expression désignant le travail illégal ou « travail au noir ». Le groupe compte au total quatre albums studio, Patchanka (1988), Puta’s Fever (1989), King of Bongo (1991), et Casa Babylon (1994).

Chantant de nombreux morceaux en espagnol, le groupe a un lien fort avec l’Amérique Latine. Je te mets par exemple ici, le clip de la chanson Señor Matanza, tourné à …. Bogota.

Sinon la Colombie, pas besoin de présenter, vu que c’est quand même le sujet central de la plupart des 3000 articles de ce blog, publiés en presque 10 ans de présence ici.

Pour le train, nous allons simplement dire que c’est un centre d’intérêt pour moi, dans ce pays du moins. Chemins de fer qui ont eu leur âge d’or ici, mais qui ont été totalement laissés à l’abandon. Comme par exemple la gare centrale de Bogota.

Enfin le bouquin qui a tout déclenché. Écrit par Ramon Chao, père de, et prêté par mon pote Antonin, titré Le Train de Glace et de Feu. Enfin pour la version française: l’auteur étant d’origine espagnole, et l’action se déroulant en Colombie, il existe aussi en espagnol évidemment.

L’histoire

Ce bouquin raconte un projet un peu fou, un an après l’aventure du Cargo 92, cargo acheté et aménagé pour transporter 4 groupes français jouer dans des grandes capitales du monde.

Affrété un train, enfin plutôt le construire de 0, dans les ateliers de Ferravia à Facatativa, à 40 km au nord-ouest de Bogota pour amener le spectacle vivant dans des petites gares de Colombie, entre Santa-Marta et Bogota.

Sur des voies ferrées à l’abandon (ou quasiment, ne circulent plus que quelques tonnes de marchandises à la vitesse de 15 km/h sans compter les déraillements fréquents).

Le tout dans une Colombie loin d’être aussi apaisée qu’aujourd’hui (même si tu l’as vu, la Paix n’est toujours pas bien ancrée) et en traversant des régions occupées soit par la guérilla, soit par les Narcos. Voir les 2 en même temps!

L’aventure

De nombreux journalistes, 2 groupes de musique (La Mano Negra et les Frech Lovers, adepte de la trash-guinguettes), France Inter, Radio Caracol et un studio à bord. 99 personnes au départ, des conditions de vie à bord déplorables, des incidents, des soucis de budget et des défraiements aléatoires

Un premier trajet sans arrêt jusqu’à Santa Marta et de nombreux arrêts-spetacles en redescendant. Dont un visiblement marquant à Aratacata (lieu de naissance de Gabriel Garcia Marquez et lieu supposé de l’intrigue de 100 ans de solitude). Bosconia, Gamarra, Barrancabermeja, La Dorada, dans le Magdalena Medio, la zone la plus dangereuse du pays à cette époque. Pour finir à Facatativa (la date du 30 décembre à Bogota fut annulée, près de 200.000 personnes les attendant là).

Des concerts de la Mano (enfin au début, puisque 4 des 7 membres s’en retourneront en France après une semaine) et des French Lovers, dont les accordéons, instrument important ici, mettront le feu. Ou encore avec des groupes locaux à chaque étape. Des trapézistes, des tatoueurs, des cracheurs de feu, un dragon métallique, un ours polaire, un cube de glace luttant contre des lance-flammes, un wagon enflammé, de la capoeira entre-autres. Qui rencontrons un succès répété dans chaque petite gare, plus habituées aux affrontements violents qu’aux spectacles de cirque!

Des péripéties, des désaccords, seuls 40 techniciens et artistes finiront le voyage, des maladies, des déraillements un incendie, la mort de Pablo Escobar durant le voyage, des passagers clandestins, mais aucun incident violent. Avec l’intelligence de rester apolitique, malgré des penchants plutôt à gauche. Et d’éviter au maximum les récupérations politiques du gouvernement local ou des gouverneurs des régions traversés.

Des rencontres, des sourires, des témoignages poignants, visiblement une grande réussite et des souvenirs forts pour tous les participants. Mais aussi pour le public!

Pour plus d’infos…

Désolé de te laisser sur ta faim. Mais si tu veux en savoir plus, tu peux:

• des articles en français de l’époque (Le Monde Diplo et l’Humanité) malheureusement en version payante tous les 2.
• un autre assez complet de prendreparti
• des articles en espagnol dont le très complet de Vice.
• les splendides photos de l’aventure sur le site d’Emmanuel Bovet, le photographe de l’expédition
• une vidéo très amateure, mais donnant un peu une idée du truc

Enfin si cela t’intéresse, je te conseille surtout de te procurer ce bouquin et de te plonger dedans!

Tout cela m’a donné encore plus envie de me pencher sur cette fameuse histoire du train dans ce pays. Car un des espoirs nés de ces fous de français, fut que la Colombie, malgré un terrain peu adapté, se réapproprie le transport ferroviaire, de passagers à destination des plus pauvres.

Mais force est de constater que 32 ans plus tard, tout cela est resté un vœu pieu! Pire les infrastructures toujours à l’abandon ont quasiment totalement disparu.

Même si ces derniers mois, un énième frémissement de ce côté-là se fait à nouveau sentir.