Bufalas: un investissement?
Bon tu l’as j’espère, en lisant plusieurs articles de cette série, que pour moi c’est surtout un investissement sur l’amitié, celle que je porte à Claire et Juan mais aussi un investissement sur l’aventure, car il me permet de découvrir une facette du pays que je n’aurais pu qu’effleurer sinon!
Mais au final, il y a quand même de l’argent en jeu, et cela reste donc un investissement de le sens le plus courant du terme. Et je me permets donc, plus d’un an après l’achat des bovidés en octobre 2020, et les premières naissances puis vente des veaux, de te faire, avec l’accord du patron (Juan) de te faire un petit bilan financier!
Et c’est finalement assez compliqué, car même moi qui suis dedans jusqu’au cou, il faut que Juan m’explique pas à pas les tenants et les aboutissants! Ce qu’il fait patiemment et avec pédagogie, et surtout avec des documents de suivi très précis (trop presque pour moi)!
Je vais donc faire très simple!
Investissement de départ: 16 têtes pour 9300€ (investissement qui dépend déjà du taux de change et du prix au kilo de l’animal).
Je précise ici que dans le même temps, Lina achète 3 bêtes et Yann et Julia, 2 depuis la France. Cela a son importance pour comprendre la suite, nous allons fonctionner en mode « communiste »: tout sera basé sur 21 parts (16+3+2).
Risques: nous allons dès cette première année subir des aléas de l’élevage. Une bête adulte, la défunte Rosie va mourir, et l’on soupçonne une morsure de serpent. Puis nous perdrons 2 veaux: l’un rejeté par sa mère, l’autre, orpheline se perdra sans que l’on la retrouve. Enfin dernier cas, une des adultes achetées, La Rouge, semble être une bête de piètre qualité, perdant du poids et ayant de grandes difficultés à être fécondée.
Mode de fonctionnement: je résume, je coupe, je raccourcie!
- D’abord, le fermier Juan a, dans le contrat, l’obligation de remplacer l’adulte décédée. Par une jeune, qui ne se mature que dans 2 ans, mais qui, in fine, garde le nombre de têtes possédées au même niveau.
- Ensuite, à part l’achat des bêtes, l’investisseur ne paie aucun frais: ni nourriture, ni soin, ni traitement, ni fécondation, ni frais de la ferme, ni salaires des employés. Mais à l’heure de la « liquidacion », la répartition des gains se fait de manière suivante: 55% pour le fermier, 45% pour l’investisseur.
Liquidation: cet acte dont s’est chargé Juan, consiste à faire les comptes avec chacun des investisseurs possédant du bétail dans son exploitation et se passe en 2 étapes.
D’abord, les mâles, vendus pour la viande. Que j’avais d’ailleurs filmer sous le plus bel angle afin de bien les négocier!

Je résume ce tableau: 10 mâles vendus nous appartenant… à 45%, nous récupérons donc 6.453.000 pesos des plus de 14 millions de la vente. Auxquels il faut ajouter un peu plus de 700.000 pesos pour le 11e mâle (vendu à part)!
Soit ramené à la tête investie (rappelez-vous le communisme), donc divisé par 21, 337.000 pesos soit 75€.
Puis plus tard, la liquidation des femelles: là c’est à la fois plus simple à gérer et plus compliqué à comprendre. L’objectif étant de faire grossir le troupeau, nous décidons de garder toutes les femelles! Sauf que 45 et 55% de 8 êtres vivants ça ne se partage pas si facilement!

En gros cela donne 3,60 têtes de plus pour les communistes et 4,40 pour le patron. Mais il faut à ce niveau appliquée la règle du contrat dont je t’ai parlé, à savoir remplacer l’adulte décédé.
Le rapport devient donc 4,60 pour nous, et 3,40 pour la ferme! Mais comme on ne peut toujours pas couper un animal en 2, il faut donc le régler avec une somme d’argent, ici 251.000 pesos (55€)! Oui Yann et Julia je vous dois donc encore des sous (5,20€)!!
Bilan: j’ai donc personnellement touché, pour 16 bêtes, 1257€. Pour un montant investi de 9300€. SI on fait comme chez les pros, cela amène à un retour sur investissement de 13,5%!
Alors à tous ceux qui penseraient « mais voilà le nouveau bitcoin », je tiens à préciser 2 conditions très favorables à ce premier bilan financier:
- les femelles ont été achetées pleines, toutes sans exception. Ce qui ne sera peut-être pas le cas les années suivantes, où la fécondation ne se fera pas dans les mêmes conditions.
- le prix de la viande de bufala a fortement augmenté en un an et demi: pour preuve, nous avons acheté les bêtes à 4300 pesos le kg, et les avons vendues à 6000. Le rendement exceptionnel vient principalement de là (la norme pour cet élevage est plutôt autour de 6,5%)
Après, un gain caché, c’est que le nombre de tête que tu possèdes, a aussi augmenté: nous avons maintenant 24 femelles à la ferme (mais dont 3 ne seront matures que dans 20 mois).
Alors je te dis 24, mais je t’en montre 27: outre les 4 jeunes femelles s’ajoutant aux 20 bêtes déjà présentes (21-1+1+3 tu as suivi), il y a déjà 3 nouvelles naissances datant de novembre 2021!!
Car la vie étant un éternel recommencement Juan s’est attelé à la tâche… et m’a envoyé un bilan (fin décembre) de l’état des « ventres »…. des jours de gestation, du nombre d’essais nécessaires pour réussir à les féconder, et ceux pour pour l’instant restés vide (V de « vacia »).
Je conclurais donc simplement: pas une seule minute je ne regrette cet investissement, pour l’expérience les aventures que cela me fait vivre, et ce n’est pas ce premier bilan financier qui pourrait changer la donne!
Merci Juan et Claire, pour l’opportunité et tout le boulot abattu!
Les animaux OUI , les chiffres NON (pas tout suivi ) . Quel travail en effet pour Juan et Claire et leurs fermiers …
Un investissement très rentable…
Aussi bien qu’ orpea…
J’espère que les animaux sont mieux traités que les vieux…
Et que l’éleveur peut s’en tirer !
Effectivement merci à eux pour tout ce travail difficile ! Et merci à toi de nous expliquer et de suivre nos choupettes 😉 bisous