Expo El Testigo

Tu l’as compris, à travers ces lignes, même si ce n’est que superficiel car je suis loin d’avoir les clés pour tout comprendre, la Colombie est un pays complexe marqué par une longue, douloureuse et meurtrière guerre civile. Ce terme étant même, à mon avis, peu adapté tant la situation fut (et l’est toujours) complexe et les intervenants nombreux, variés et disparates, mais aux méthodes brutales et aveugles assez proches malheureusement!
El Testigo est donc une exposition photographique montrant la Mémoire du conflit armée colombien, par les yeux (donc l’appareil photos) de Jesus Abad Colorado, qui a suivi de près, de très près ce conflit depuis 1992.
Les images sont fortes, les gens se sont déplacés en masse (400.000 visiteurs, ce qui n’est pas rien pour une simple expo photos, même si l’entrée est gratuite) et je pensais, à mon grand regrt, l’avoir ratée! Mais devant le succès un peu inattendu, elle a même été prolongé: devant fermée le 10 mai, elle ne le fera qu’après un an de résidence le 20 octobre 2019.

Donc j’ai profité de la venue de Mathieu et de son envie légitime de découvrir le centre de Bogota, pour m’y rendre!
Mis en place par l’Universidad Nacional (publique) dans un lieu qui a lui seul vaut déjà un coup d’oeil: le Claustro (cloître) San Augustin, situé à côté du Palacio Nariño, le palais présidentiel!


Entrée gratuite dans ce bâtiment colonial fort bien rénové, et malgré la surprise d’y découvrir une … pâtisserie « française » dans le hall….
… nous en découvrons l’architecture!
Une première exposition prend place dans les salles du rez-de-chaussée:
Mais notre temps étant compté, nous montons directement sur la galerie pour nous concentrer sur l’exposition « El Testigo »!

Tout en observant et appréciant d’abord l’architecture de l’étage:
De nombreuses salles évoquant diverses époques et diverses tragédie, la première remplie d’impressionnantes œuvres d’art à base de bottins téléphoniques collés! Et les premières images qui laissent sans voix!
Même les colombiens qui ne sont pas connus pour leur capacité à faire le silence, même dans des lieux publiques!
Là d’emblée le ton est donné, les images marquent et amènent à un comportement le plus discret et humble possible…
Puis les salles et donc les témoignages se multiplient….
Celle présentant le traumatisme lié au « desaparecidos », ces disparus, enlevés en plein jour ou en pleine nuit dont les familles n’ont plus jamais eu aucune nouvelle, paysans, fonctionnaire, combattants, leaders sociaux, torturés, tués, démembrés, enterrés dans l’anonymat le plus complet. Sauf quand des repentis permettent aux familles d’exhumer les corps en indiquant leurs sépultures sommaires!
Celle sur les tragédies collectives, villageois assassinés en groupe, femmes violées et enlevés, maisons incendiées…
Et si les images ont marquantes, les chiffres affichés dans la galerie le sont également….
Puis une dernière salle plus optimiste, avec des photos des accords de paix, des débuts de la démobilisations, même si tout le monde sait que le chemin sera encore long et le pardon délicat à donner et obtenir!
Heureusement, comme un symbole, à notre sortie, la pluie et la grisaille ont laissé place à un rayon de soleil!
De quoi, symboliquement se laisser aller à l’optimisme et à l’espoir d’un avenir paisible pour ce magnifique pays qu’est la Colombie!

Riche et émouvante exposition même si la transposition sur ton blog ne rend pas vraiment l’intensité du drame , on imagine un peu … Comme toi , gardons espoir !
Oui souhaitons leur le meilleur!
Et je constate que les religieux n’étaient pas trop mal logés!