Dictature en Argentine – ESMA

Sujet sensible et particulier, mais si tu es as plus de 45 ans, et que tu es fan de foot, tu sais qu’il y a eu une période assez violente dans l’histoire récente de ce pays. Et que le lieu le plus emblématique de cette sinistre période de la dictature en Argentine est l’ESMA, l’École Supérieure de Mécanique de l’Armée.
C’est lors de notre 4 jour sur place, quand nous avons jeté un oeil au Stade Monumental de River, dans le nord de Buenos Aires, que nous avons visité ce lieu.
Alors pourquoi des fans de foot de mon âge ont-ils une légère connaissance de cette dictature de l’autre bout du monde! Tout simplement parce que ce scandale a longtemps pesé sur le football mondial, avec l’organisation en 1978, de la Coupe du Monde par l’Argentine des généraux.
Période de dictature – Résumé
La dictature argentine, également connue sous le nom de Processus de Réorganisation Nationale, est une période sombre de l’histoire argentine qui s’étend de 1976 à 1983. Ce régime militaire autoritaire a instauré une répression systématique contre toute forme d’opposition, entraînant des milliers de disparitions forcées, de tortures et d’assassinats.
En bref, après la prise de pouvoir par les militaires avec en mars 1976, un coup d’État militaire qui met fin à la démocratie et installe une junte militaire à la tête du pays. Suivi d’une répression systématique : le régime cible les opposants politiques, les syndicalistes, les étudiants, les intellectuels et tous ceux qui sont considérés comme une menace pour l’ordre établi. Des milliers de personnes sont enlevées, torturées et assassinées, leurs corps étant souvent jetés dans l’océan ou enterrés dans des fosses communes.
Comme en Colombie, il existe alors nombre de « desaparecidos »: « les disparus ». L’une des marques les plus tragiques de cette période est le sort réservé aux « disparus ». Ces personnes ont été enlevées par les forces de sécurité et leur sort reste inconnu à ce jour.
Ajoutons à cela un plan économique néolibéral. Le régime met en œuvre une politique économique libérale, privatisant les entreprises publiques et ouvrant le marché à la concurrence internationale. Cette politique a entraîné une profonde crise économique et sociale. Et enfin la fameuse Guerre des Malouines, qui est, en 1982, dans une tentative de renforcer son pouvoir, la junte militaire déclenche une guerre contre le Royaume-Uni pour récupérer les îles Malouines. Cette guerre se solde par une défaite cuisante pour l’Argentine.
Fin de la période et conséquences actuelles
Cette sombre période de l’histoire du pays se terminera en 1983 avec la défaite militaire et la crise économique qui affaiblissent le régime. Sous la pression de la population et de la communauté internationale, les militaires sont contraints de rendre le pouvoir.
Les conséquences de la dictature argentine sont multiples et durables : violations massives des droits de l’homme car le pays a été marqué par des années de terreur et de violence; division de la société argentine car la dictature a laissé des cicatrices profondes et a divisé la société argentine; conséquences économiques et sociales car la politique économique mise en œuvre a eu des conséquences désastreuses sur l’économie et la société argentine.
ESMA
C’est au niveau de la répression qu’intervient ce lieu: 17 Ha dans le nord de Buenos Aires, avec plusieurs bâtiments regroupant l’école de mécanique mais aussi l’école de guerre navale! Le plus surprenant est que ce lieu de répression était clandestin et fonctionnait en parallèle avec le rôle officiel de ces 2 écoles.
Une fois connue l’histoire de ce lieu, il est donc devenu Patrimoine Mondial de l’UNESCO et se visite!
Certains bâtiments sont devenus des centres culturels ou autre lieu de réunion, voir aussi un Musée sur la Guerre des Malouines. Ce qui est d’ailleurs ambivalent, puisque les argentins savent bien que cette guerre était une tentative de renforcer la dictature mais le sentiment nationaliste est très fort!



Mais à l’extérieur, des histoires personnelles des disparues sont contées et font, évidement, froid dans le dos!
Club des Officiers
Cependant le pire du pire se situe dans le Mess des Officiers où étaient amenés clandestinement les personnes arrêtées, torturées, gardées secrètement puis parfois assassinées. Ce lieu est donc l’endroit qui a été choisi pour expliquer le sort des prisonniers, souvent très jeunes, avec beaucoup d’étudiants concernés.
Présentation générale, dont le rôle obscure de la France, grande exportatrice à cette époque de manières de lutter contre les guérillas ou révoltes (Algérie, Indochine) ou des USA.
Visite des caves, réservées à la torture….


Ou des sous-toits, réservés à « l’hébergement » ou aux travaux forcés.
Les Grand-Mères de la Place de Mai
Une des spécialités de cette répression sont les enfants nés en captivité. En effet, de nombreuses étudiantes sont arrêtés clandestinement tout en état enceintes. Les enfants naîtront lors de leur séjour à l’ESMA et seront donné à élever à des familles reconnues du pouvoir! Leurs grand-mères lutteront sans relâche pour retrouver la trace de leurs petits enfants enlevés durant des années, en manifestant chaque jeudi sur la Plaza de Mayo, la Place Centrale, devant la Casa Rosada présidentielle.
Vols de la Mort
Le pan le plus effroyable de tout cela était sans aucun doute la méthode pour se débarrasser des déportés: les vols de la mort! En gros, simplement endormis à coup de somnifère, les prisonniers étaient chargés dans des avions et balancés dans la Mer d’Argentine (au début dans le Rio de La Plata, mais celui-ci rendait les corps).
Un des avions utilisés pour se faire a été pisté, retrouvé aux USA et ramené pour être exposé dans l’enceinte de l’ESMA.
Aujourd’hui….
Aujourd’hui, l’Argentine continue de faire face aux conséquences de cette période sombre de son histoire. Les « Mères de la Plaza de Mayo » continuent de rechercher leurs enfants disparus et de réclamer justice. Le pays s’est engagé dans un processus de transition démocratique et de réconciliation nationale. Mais les blessures du passé mettent du temps à cicatriser.
Tu comprendras donc que cette visite fut la plus chargée en émotions de notre périple plutôt orienté tourisme de découverte. Et malheureusement, nous y croiserons que très peu de touristes comme nous, beaucoup moins qu’à San Telmo ou à la Bonbonera…..
Un endroit qui fait peur… car malgré tout les idéologies porteuses de dictature ne sont pas mortes.
Étonnant la faible affluence. Les argentins veulent oublier ou n’ont pas envie de raviver les souvenirs de cette époque.
Avec l’homme à la tronçonneuse au pouvoir, les argentins ont fort à faire avec leur vie quotidienne déjà….
Un post très émouvant , qui rafraichit un peu ma mémoire à ce sujet !
L’horreur poussée à l’extrême , rien qu’à te lire j’en ai des frissons … Une visite riche , il aurait été dommage de la rater.
Malgré la connaissance des cruautés passées , de nouveaux dictateurs commettent encore l’impensable .
Trop jeune, j’ignorais cette période de l’histoire Argentine. Merci pour les détails.