Plebicito por la Paz

Je sais c’est un article sérieux pour un dimanche mais il ne reste qu’une semaine avant cette date importante! Mais si il n’y en a qu’un à lire de tout ce blog, c’est sûrement celui-ci…..

Date importante donc, qui est un peu passée inaperçue chez nous, tant nos médias ont célébré l’accord de paix passé entre le gouvernement colombien et les FARC après plus de 50 ans de guerre civile!

Depuis mon retour ici, c’est évidemment l’élément principal qui rythme nos vies, même quotidiennes:

• des animations à droite à gauche pour sensibiliser grands et petits!

• des organismes d’état créés, des bureaux ouverts…

• ou des manifestations spontanées…..

Car oui cette paix n’est pas encore effective car soumise à un plébiscite populaire! Enfin je traduis un peu simplement, car si je me souviens bien un plébiscite, c’est quand on organise un vote et que le résultat nous est largement favorable non?

Je pense qu’il vaut mieux traduire ça par référendum pour que cela est la même signification que chez nous: en clair, la population colombienne est appelée à se prononcer POUR….. ou CONTRE la PAIX!

Oui, tu as bien lu, POUR ou CONTRE la PAIX!

Les propos qui vont suivre n’engagent que moi, et ma très faible connaissance de ce pays, ses cultures, son histoire, ses mœurs, mais comme je vis ce moment historique de l’intérieur, je vais me permettre de donner mon avis!

D’abord, le plus étrange pour moi est de soumettre la ratification de l’accord de paix à l’avis de la population! Pour le peu de souvenirs et convictions que j’ai, la Paix s’impose par les gouvernants qui la décident, la signent et la font appliquer!

L’exemple qui me vient à l’esprit est celui de l’Afrique du Sud, où la Commission Vérité et Réconciliation a été imposée et non proposée! Il a fallu aux sud-africains beaucoup de courage et de volonté pour passer au dessus des rancœurs immenses et des violences finalement restées pour certaines impunies, mais je crois pour ce que j’en sais, qu’ils sont en train d’y parvenir!

Ici en Colombie, chaque famille a, au cours de ces 50 années de guerre civile, massacres, terrorisme, attentats, enlèvements, subi un traumatisme… Pas une n’est passée au travers… de ces moments horribles….

Alors demander l’avis à cette population blessée n’est, pour moi, pas la chose que j’aurais faite!

Mais je ne suis pas le gouvernement colombien!

Donc dimanche prochain, le 2 octobre, les colombiens vont se déplacer aux urnes pour dire Si o No a la Paz!

Et là aussi, on pourrait croire que la réponse est toute trouvée: comment refuser la paix après 50 années sanglantes?

Ce n’est absolument pas évident: s’affronte ici 2 figures politiques, Santos l’actuel président et donc un des acteurs majeurs de l’accord de paix négocié à Cuba et Uribe, un ex-président, très à droite, avec pas mal d’affaires aux fesses et une réputation de para-militaire qui lui colle à la peau! Mais aussi beaucoup de partisans car ces annéesau pouvoir ont correspondu à une main de fer autour du cou des FARC et de l’ELN!

Plusieurs éléments font qu’ils existent des partisans du « non » à la paix:

• une amnistie un peu trop généreuse pour des guérilleros ayant pour beaucoup du sang sur les mains, ce qui a raison, les gêne de voir ceux-ci revenir à la vie civile… même si les plus sanglants d’entre-eux devraient quand même payer pour leurs crimes.
• des victimes de cette guerre civile, une partie des population indigènes, ayant peur de perdre leurs indemnités de victimes, puisque les soldats démilitarisés devront aussi percevoir une solde…. et pour un gâteau, plus on est nombreux, plus les parts sont petites
• une partie de réalistes, qui pensent que réintégrer ces guérilleros à la vie civile, en pleine crise économique alors qu’il n’y a pas d’emplois réellement viables, va faire nettement augmenter la criminalité, quand une partie de ceux-ci s’apercevront que la vie civile n’est pas si douce…
• et les paramilitaires, qui ont fait leur beurre sur les trafics en tout genre et les expropriations de petits paysans pour se créer des empires agricoles, et qui ne savent pas trop ce qui les attend….

C’est donc pour ces raisons, enfin selon ma compréhension de la situation, et je le répète, très partielle et sûrement biaisée, que la victoire du SI, qui pourrait paraître écrasante et logique à nos yeux, ne l’est pas forcément aux yeux des colombiens!

Cependant les derniers sondages, qui comme chez nous, valent ce qu’ils valent, donnent le oui gagnant:

J’espère donc, pour moi-même et pour ce pays, que prédominera le choix du chemin vers la paix!

J’essaierai donc dimanche prochain, dans la mesure du possible et en attendant si l’on reçoit des consignes particulières de sécurité, d’aller voir dans la rue comment cela se passe!

Mais je finirais sur une dernière question, aux 2 seules colombiennes vivant à l’étranger que je connais, Diana en France, et Alba Lucia en Haïti (en espérant qu’elles lisent ce post et puissent donner leur réponse dans les commentaires): pouvez-vous mesdames, vous aussi vous prononcer sur la paix depuis l’étranger?