Elections Présidentielles – Partie 2 mes craintes
Autant l’article de samedi passé sur ce sujet était factuel, structuré et plutôt documenté, autant celui-ci se base essentiellement sur mon ressenti, mon début de connaissance de ce pays et mes expériences passées (Haïti surtout mais l’Afrique également).
Même si la tendance actuelle, enfin surtout dans l’image du pays à l’internationale, est plutôt d’aller vers des jours meilleurs, depuis la signature du traité de paix entre les FARC et le gouvernement (bien que très largement entaché de violences en tout genre et de soubresauts), la situation du pays n’est pas aussi positive que l’on voudrait le faire croire. Entre narcotrafiquants, clans criminels, exactions policières, expropriations, atteintes variées à l’environnement et migrations massives de vénézuéliens, certaines régions du pays n’ont finalement jamais connu une minute de paix ni de stabilité.
Donc en prenant en compte ceci, je me dis, personnellement, que ces élections ont tout pour devenir explosives.
Avec dans le désordre…..
- une grogne sociale, quoique freinée par la pandémie, toujours bien présente.
- une situation économique précaire, avec une reprise difficile de l’activité, beaucoup de faillites de commerces ou de petites entreprises, et une inflation galopante, qui fait plongé une partie de la classe moyenne dans la pauvreté et la peur des fins de mois difficiles.
- un paro armado violent du Clan del Golfo suite à l’extradition de leur chef Otoniel. Avec en plus le bruit qui court que cette extradition rapide serait autant motivé par l’idée de justice que de l’éloigner du pays pour éviter des témoignages compromettant de ses supposées accointances avec des membres du gouvernement….
- des attentats à la bombe de la guérilla de l’ELN qui ne cesse pas leur lutte, bien au contraire!
- un sentiment anti-vénézuélien lui aussi grandissant, du à la difficulté d’absorber toujours plus de migrants mais surtout du à l’augmentation nette de la délinquance (vols, cambriolages, assassinats, …), surtout à Bogota. Qui bien évidemment est assez rapidement collée sur leur dos.
- des sondages qui annoncent Gustavo Petro, le candidat de la gauche, futur président, ce qui met beaucoup de gens bien installés dans l’émoi, dans la droite traditionnel comme dans l’ultra-droite. Tellement en émoi que des rumeurs d’une préparation de son …. assassinat, circulent actuellement (et connaissant ce pays, assassiner un candidat présidentiel à quelques jours des-dites élections, cela a déjà été fait et peut être refait).


- une scission de plus en plus forte (comme en France, vu de loin) de la société, entre ville et campagne, riches et pauvres, droite et gauche, jeunes et vieux….. le tout complexifié par des années de guérilla, de lutte, de victimes du conflit armé (déplacés, disparus, viols, expropriés, assassinés)
- une situation explosive du côté des « origines » ethniques, allant de la défense des indigènes à l’abandon des afro-colombiens.
J’en oublie certainement beaucoup, mais tout cela m’entraîne à mes préparer à des lendemains (au sens propre) qui déchantent. Durement, violemment. Il se peut que dès lundi la rue bouge…… Quel que soit le scénario….
Si Petro gagne, une grande partie de la bourgeoisie va réagir….. parfois sous des prétextes fallacieux (« communisme », « on va devenir un autre Venezuela », on l’entend déjà beaucoup).
Si Petro perd, l’idée d’une fraude électorale va rapidement faire son chemin (fraude qui aura d’ailleurs sûrement eu lieue). Et comme il est soutenu par la jeunesse, qui répète ses gammes dans l’occupation de la rue, cela chauffera aussi.
Si on s’achemine vers un 2e tour, le temps entre le 29 mai et le 19 juin va être long…. très long! Et tout sera possible.
Alors personnellement, jurisprudence « élections made in Haïti 2006 », je m’y prépare d’abord comme ceci:


Que du sec, ce ne sera pas perdu de toute manière!
Je me suis également arrangé pour être de retour à Bogota avant le week-end fatidique! Afin de ne pas me retrouvé bloqué en pleine cambrousse si le pays se fige!
Week-end qui je te le rappelle sera sans alcool! Du moins à la vente!
Et bien bonne chance… Souhaitons que la sagesse l’emporte !
On dirait 1981… Avec une situation un peu plus compliquée.
On souhaite le meilleur pour la Colombie.
bon j’avoue 81, pas trop le souvenir!! Et merci pour l’article du Nouvel Obs sur le même sujet mon oncle!!
Voilà un tableau bien noir!!! J espère que la situation des elections Haïtiennes ne se produira pas en Colombie ! Bon courage !
Bon en Haïti cela avait 15 jours de bazar, mais au fond assez « bon enfant »!