Manu, quel avenir?

En voilà un article intéressant! Mais il me faut établir quelques prérequis, personnels et généraux, pour te permettre de tout mettre en correspondance.

Je travaille depuis longtemps au sein du réseau de l’enseignement français à l’étranger, principalement pour et au sein d’établissements du réseau AEFE. Depuis très longtemps même, car j’y ai mis les pieds en 2000, en tant que coopérant du service national, au Lycée Lafontaine de Niamey, au Niger. Puis, après un petit détour de 10 mois à Cherbourg, très dépaysant aussi, ayant aimé ce genre d’aventure, j’ai enchaîné 4 ans en Haïti (2003-2007), 3 ans en Norvège (2007-2010), 3 ans au Cameroun (2010-2013), 2 ans en Corée du Sud (2013-2015) et depuis 2015 en Colombie.

Pour l’AEFE, ce que je dois te dire, c’est qu’il existe 3 types de contrat pour travailler au sein des établissements français de l’étranger, celui d’employé en contrat local (donc fonction des lois du travail locales), que j’ai expérimenté en Corée, de résidents (contrat de 3 ans renouvelables, statut que j’ai eu dans les 4 autres pays – au Niger j’étais CSN je te rappelle) et d’enseignant formateur EEMCP2, connu sous l’appellation expatrié. Mais les règles ont fortement évoluées depuis 2 ans, afin de favoriser la mobilité (officiellement, car je ne suis pas sûr que cela fonctionne réellement).

Principalement, depuis la rentrée 2019, on ne peut enchaîner plus que 2 détachements de 3 ans en contrat résident (6 ans sur un poste, ou 2 fois 3 ans sur 2 postes, ensuite retour « blanchiment » en France). Sauf pour les anciens comme moi, cette règle ne s’applique pas … encore. Mais cela viendra, j’en suis persuadé!

La seconde décision qui donc au final, m’impacte le plus, est qu’avant, une fois terminé ton premier contrat de résident de 3 ans, tu pouvais re-signer, forcément pour 3 ans, mais en cas de poste intéressant au bout de ta 4e ou 5e année, tu pouvais casser ton détachement et en demander un autre pour ce poste intéressant sur lequel tu avais postulé, que tu aurais eu la chance d’obtenir. Ceci est terminé: tu ne peux postuler qu’en fin de contrat (3e, 6e, 9e … ou plus, année).

Ceci étant mis en place, je peux donc t’expliquer la situation et donc te décrire ce qui m’attends: car je termine en juin (effectivement au 31 août 2021) ma 6e année en Colombie, donc mon 2e contrat (de résident)! Et c’est dans le courant du mois de novembre que je dois me positionner!

En gros, un document officiel à remplir, indiquant ta décision, visé par ton chef d’établissement, que tu (re)vises à ton tour avec sa décision à propos de ta décision, et qui remonte ensuite aux services centraux de l’AEFE.

Attention, ici, seule illustration de tout l’article!

Sur ce document, 2 options s’offrent à moi: demander dès maintenant un renouvellement de détachement sur mon poste actuel, ou signaler que mon poste sera susceptible d’être vacant, car tu te laisses la possibilité d’envisager un autre avenir!

Et c’est celle-ci que j’ai cochée!

Pourquoi? Car, imaginer une autre vie ailleurs, c’est un moment très positif, c’est se projeter dans un autre avenir et établir mentalement pleins de scénario qui laissent rêveur et rompent un peu la monotonie.

Mais, en vrai c’est quoi la suite? La réponse en probabilité!

COLOMBIE pour 3 ans de plus: 80% de chance!

Pourquoi? Car je m’y sens bien, autant professionnellement que dans ma vie quotidienne. Le pays, tu l’as compris, est magnifique, et même en 9 ans je n’en aurais pas fait le tour. La culture est belle également à découvrir, l’histoire, la société aussi… De ce côté-là, pas de soucis. Et je me débrouille de mieux en mieux (et le contraire serait un peu anormal) en espagnol! Mais je dois avouer qu’une autre raison est, que si j’adore cette vie, s’installer, prendre ses marques, découvrir et comprendre une nouvelle culture, un nouveau mode de vie, se remettre en question professionnellement est extrêmement motivant, c’est également extrêmement épuisant! Et j’avoue donc que je n’ai (pour le moment) plus l’énergie pour vraiment m’imaginer le refaire, après l’avoir vécu 6 fois en 20 ans!

AUTRE PAYS en poste de résident: 5% de chance

D’abord parce que si je change de pays, je tombe sous le coup des nouvelles règles, et n’auraient donc plus droit qu’à 2 fois 3 ans, ou une fois 6 ans. Mais cela je m’en accommode sans trop me projeter! Mais surtout parce que, d’expérience, je sais que dans la liste des postes qui va tomber en janvier 2021, il y aura très peu de postes vacants (perso je trouve que l’effet « mobilité » est en fait inversé, les gens qui sont à peu près bien dans leur poste ne se risquent plus à bouger, le « jeu des chaises musicales » s’est nettement atténué), et surtout, surtout, que très peu de postes qui m’intéresseront. Car j’ai exercé en Afrique, j’ai adoré, mais je ne suis pas sûr de vouloir à 45 ans, me refader tous les impondérables du continent (alimentation aléatoire en eau ou en électricité, fin de l’anonymat « le bbbllaaannncccc », situation sanitaire parfois tendue et autres joyeusetés…).

Or la plupart des postes de résident sont situés en Afrique Noire, ou au Maghreb et au Moyen-Orient (mais je ne saurais l’expliquer, cela ne me fait pas rêver, à part peut-être l’Algérie). Donc, des postes que je sais exister, à part Montréal, Oslo, Montevideo, Santiago du Chili ou Singapour, il n’y aura rien qui me motivera à quitter Bogota! D’où la faible probabilité de ce scénario!

AUTRE PAYS en poste local: 5%

Là encore, à part l’Europe (de l’Est principalement, que je ne connais pas et dont le combo culture proche de la mienne / exotisme pourrait me botter) ou un retour en Asie, voir l’Amérique du Nord (mais les conditions là-bas dépendent vraiment de chaque école), peu de chance que je l’envisage réellement. De plus, dans ce type de contrat, il faut vraiment bien tout étudier, et les informations ne sont pas vraiment disponibles: salaire bien sûr, mais aussi volume horaire (certains contrats sont de 20, 22, 24 heures hebdomadaires), responsabilités annexes (surveillance des cours, cantine, double matière), durée des contrats (s’installer pour un an,non merci) mais aussi assurance maladie, prise en charge totalement, partiellement ou pas du tout (oui dans ce cas tu es en dispo et tu dois te prendre en charge toi-même) mais aussi pour ta retraite (complexe, tu es parfois couvert par le système du pays qui a des accords avec la France, ou tu dois y penser toi-même, ou abandonner l’idée d’une retraite).

RETOUR EN FRANCE: 5%

Là encore peu probable, même si je rêve parfois de ma petite maison à retaper, mon bout de potager et mon chien! Là c’est la situation de l’Éducation Nationale qui me freine (énormément): ce serait un retour en Normandie, que, à part Cherbourg, je ne connais pas (et obtenir, à l’intérieur de l’académie, le Cotentin, ne serait pas chose aisée), car pour les mutations inter-académiques, les barres d’entrée (le nombre de points nécessaires pour entrer dans une autre académie), sont en techno, astronomiques: les voici (comme cela j’ai une 2e illustration!)

747 points pour Lyon, 890 pour Clermont, 829 pour Nantes….. Ah oui, c’est là que je dois te dire que des points, j’en ai personnellement…. suspense (nouvelle illustration)…

Et en plus de cela, en discutant avec Bruno, mon nouveau collègue fraîchement arrivé de France, ou avec mes potes profs de techno au collège (Zack, Jean-Eudes,….), les conditions ne donnent pas envie: pas de matos, des classes surchargées, des élèves peu intéressés….

AUTRE SCENARIO: 5%

Il y a une autre possibilité qui me trotte de plus en plus dans la tête: j’aime bien mon métier, mais je ressens de plus en plus le besoin de faire une pause. Donc je pense à prendre une année de disponibilité, pas forcément, comme classiquement, pour voyager (car niveau expériences de voyages cela fait 20 ans que je suis servi) mais juste pour prendre le temps! Du temps avec les miens, faire des activités hors-saison, des choses qui me sont hors d’atteinte actuellement, étudier, pédaler, visiter les amis, profiter quoi! Car cela ne compte pas d’être le plus riche du cimetière hein? Même si je pense qu’il est encore un peu tôt, donc cette idée va mûrir et pourra très bien voir le jour à l’issu du prochain contrat, ici ou ailleurs!

On résume, il y a de fortes chances, je le sens bien au fond de moi en écrivant ces mots, que je sois encore en poste ici en Colombie pour 3 ans à la rentrée 2021. Et ce avec grand plaisir! Même si je n’exclus pas une surprise de dernière minute….