Expat: un tel sentiment d’éloignement

En septembre 2020, cela fera 20 ans que je suis parti pour la première fois, au Niger! J’ai découvert petit à petit la vie d’expatrié, avec ses bons côtés, faits de découvertes, d’adaptation et ses moins bons comme le déracinement et l’éloignement.

Car j’en ai raté des mariages, des anniversaires, des naissances, et même des enterrements de personnes chères à mon cœur! Qui sur le coup, t’en mettais un (de coup), qui pouvait durer 2-3 jours en renouvelant le questionnement sur tes choix de vie, mais finissait toujours par passer, quand tu mettais en parallèle le positif et le négatif de cette nouvelle vie!

Mais tu comprends vite: soit tu l’acceptes, intègres que plein de choses se dérouleront sans toi et tu compenseras l’été venu multipliant les contacts avec tous ceux qui te manquent durant ton année en exil (et c’est pour cela que, surtout, les premières années je parcourrais souvent plus de 5000 km par été pour voir tout le monde); soit tu comprends encore plus rapidement que cela te manque trop et arrives donc au constat que la vie loin des tiens n’est pas pour toi! Le seul soucis, ce sont les expatriés qui le comprennent, mais qui n’appliquent pas les décisions liées, à savoir rentrer….. Et là, s’obliger à rester, c’est compromettre grandement les chances d’une expérience réussie!

J’ai aussi connu quelques crises, qui te font parfois, fugacement, penser que tu serais mieux ailleurs: coup d’état avorté au Niger, mais chars devant l’entrée du lycée; destitution d’Aristide en Haïti et période troublée qui a précédé et suivi…..

Mais je crois que je n’ai jamais ressenti un tel sentiment d’éloignement que dans la période étrange que nous traversons tous actuellement et ce fameux COVID19!

Alors forcément, le confinement obligatoire ne doit faire qu’amplifier les choses, parce que tu as plus de temps pour cogiter! Forcément le vivre maintenant, à plus de quarante ans, quand tes parents ont eux aussi pris de l’âge, c’est plus complexe qu’il y a 20 ans! Surtout quand les infos te ciblent les personnes à risque….

Forcément les nouvelles ont plutôt un côté anxiogène, mais c’est principalement le fait que les moyens de rentrer en France « au cas où » n’existent plus: plus aucun vol vers l’Europe à partir de samedi, les derniers ayant pour but de ramener les touristes au pays. Donc tout ce qui pourrait arriver, tu ne pourras que le vivre de loin, avec tout ce que cela implique émotionnellement et psychologiquement!

Alors, d’accord, nous vivons tous une période où chacun se trouve pousser dans des retranchements inconnus de lui; chacun s’inquiète pour la suite, chacun découvre de nouvelles choses sur lui-même et même de nouvelles façons de travailler, que certains se donnent corps et âme jusqu’à l’épuisement pour le bien collectif, et bien moi, malgré ce que je considère quand même comme une belle expérience de l’éloignement, je découvre ce sentiment profond d’impuissance et d’éloignement insurmontable!

Voilà, pour une fois qu’un article de blog est plutôt un billet d’humeur, j’espère que tu ne seras pas trop déstabilisé!

11 commentaires sur “Expat: un tel sentiment d’éloignement

  1. Bravo !
    Je n’avais pas trop la pêche ce matin…
    Alors là…je ne te raconte pas !
    On attend du Bogotarata ou du Bogot art !
    Merci et protege toi !
    Bises

  2. Comme Paul !!! On vit le train train avec ses hauts et ses bas (et en ce moment c’est plutôt des bas !!!) … Le confinement à Ternand ce n’est pas ce qu’il y a de pire mais c’est l’issue que l’on craint .
    C’est bien d’avoir livré tes états d’âme du moment que je comprends vraiment , mais sourions à la vie , croisons les doigts .
    Nous aussi on pense fort à toi et nous patienterons jusqu’à l’été 2021 pour ta prochaine visite . Bisous et prends bien soin de toi …

    1. bah c’était pas le but non plus: c’est juste que cette situation me donne pour la 1ere fois un tel sentiment d’impuissance!

  3. Une bonne pensée pour toi Manu. G eu cette discussion avec Otto hier. S’il arrive qqch à mes parents qu’est-ce qu’on fait? Mais d’ici on peut encore conduire au pire. Prends soin de toi et planifie ton tour en vélo via la Norvège. J’attends toujours ce fameux cocktail au rhum😉😘💕

  4. Je te comprends parfaitement Manu! Je ressens exactement la même douloureuse distance. Mais n’oublie pas qu’en écrivant tu tisses un lien inaliénable avec tes lecteurs, tu nous rapproches du coeur! On est pas si loin finalement…

  5. Salut Manu, c’est un mauvais moment mais ça va passer. Même de France, on peut pas aller voir nos parents et on attend. Confiné a 5 km ou 5000, on téléphone et on Skype.

    En tous cas j’aime repenser à nos moments de folies nigériennes.

    Garde espoir, fais gaffe.
    Jf

  6. J’aime beaucoup le commentaire de Clairette ! C’est très vrai … LOIN des yeux mais PRES du coeur …

  7. On peut aisément comprendre. Ici, un autre sentiment peut rapidement t’habiter, celui de la culpabilité. En effet, quand tu sollicites régulièrement l’entourage pour assurer l’intendance de ton quotidien et que tu apprends que les enfants pourraient être vecteurs du virus (même si dans la masse d’info et de contre info, on ne sait plus trop), tu commences à décompter les jours….

    1. oui je sais bien que toutes les situations ont leurs propres problématiques, celle-ci est la mienne à travers cette crise!

Alors qu'en penses-tu?